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Par Jean-François Chazerans
Publié en ligne le 30 août 2006
Résumé : Cet atelier comprenait une dizaine de personnes, aussi, après une brève introduction décrivant un contexte d'utilisation d'intranet dans un lycée, chaque participant s'est présenté et l'atelier s'est poursuivi par un échange de témoignages et d'interrogations.
Jean-François CHAZERANS :
J'ai été sollicité pour intervenir dans cet atelier puisque j'ai la double casquette professeur de philosophie au Lycée Edouard Branly à Châtellerault1 et chargé de mission TICE à la Mission académique aux TICE2. D'un côté je suis enseignant, j'enseigne dans un lycée qui essaie de mettre en place un intranet et de l'autre côté je suis « expert » en TICE pour le Rectorat. J'ai aussi accepté la proposition à ce moment-là parce que j'étais en train de préparer l'animation d'un atelier pour les Assises de l'innovation3 dans lequel il était justement question de travail collaboratif. Je voulais y faire intervenir l'exemple de l'intranet. Donc j'ai accepté mais quand j'y ai réfléchi à nouveau et qu'on m'a annoncé qu'il fallait que je fasse un exposé de 20 minutes, j'ai pensé que ça allait être difficile car l'intranet de Branly ne marche pas. Et puis à partir de là j'ai pensé que ça ne faisait rien et qu'on pourrait intituler l'atelier : « comment chercher à utiliser un intranet qui ne marche pas ? »
En écoutant les différents intervenants4, je me suis bien rendu compte que malgré tout l'intranet de Branly marche. Enfin, il ne marche pas mais marche quand même un peu. Cela dépend de ce qu'on entend par « intranet ». Il faudrait donc, dans cet atelier, peut-être chercher à réfléchir sur ce qui peut marcher et ne pas marcher dans un intranet. Pour cela, je distinguerais plusieurs utilisations de l'intranet : pour enseigner devant les élèves ; deuxièmement, dans ma relation avec mes collègues, d'abord de la même discipline, ensuite des autres disciplines ; troisièmement, dans mes relations avec l'administration ; par exemple on pourrait considérer que je possède un casier électronique puisque les notes de service sont sur l'intranet mais aussi que la saisie des notes des bulletins trimestriels est sur l'intranet. N'y a-t-il pas alors à Branly un intranet qui ne fonctionnerait pas pour certaines choses mais qui fonctionnerait pour d'autres ?
Pierre GE :
Quand vous dites cela ne marche pas, ça veut dire que ça ne marche pas techniquement ? Que ce n'est pas utilisable ou que ce n'est pas utilisé ?
Jean-François CHAZERANS :
L'intranet existe mais est peu utilisé. Il y a déjà quelques notes de service, une messagerie interne, le projet d'établissement, le règlement intérieur. Il y a la réservation des salles multimédia et des salles à vocation particulière. On a un logiciel qui s'appelle « deux temps » et on peut avoir tous les emplois du temps des profs ce qui est bien pratique quand on a besoin de changer une heure ou de faire un devoir en plusieurs heures…
Pierre GE :
Est-ce que vous pouvez intervenir dessus ?
Jean-François CHAZERANS :
Non et heureusement car si n'importe qui peut changer son emploi du temps et celui de ses collègues, cela pourrait avoir quelques répercussions sur le bon fonctionnement de l'établissement… D'autre part, il y la saisie des notes et des appréciations, on a le bulletin de notes, le bulletin trimestriel électronique et je pourrais dire que c'est par là que les professeurs ont commencé à utiliser l'intranet et à comprendre en quoi c'était utile et efficace. L'année dernière, personne ne l'utilisait. Seules quelques classes pilotes expérimentaient le bulletin trimestriel électronique. Cette année, nous devons tous saisir les notes et les appréciations et c'est comme ça que l'intranet est rentré dans les usages.
Deux choses sont à remarquer. Tout a bien commencé cette année, les collègues qui ne voulaient pas s'y mettre s'y sont mis, et puis à un moment ça a « planté ». C'est Campus, le logiciel qui est utilisé qui a planté ; enfin, on n'était pas arrivé à lui faire gérer les homonymes et les groupes pour les professeurs de langues. C'était très problématique car de nombreux professeurs ont été démoralisés, surtout ceux qui ont été obligés de ressaisir tout ce qu'ils avaient saisi (déjà qu'ils avaient eu du mal…). L'autre remarque, c'est que l'on n'avait que trois ordinateurs pour 150 professeurs dans la salle des profs. Il doit y avoir peut-être 600 ordinateurs dans l'établissement, mais ils sont tous dans les salles de classe. Donc, les professeurs s'y sont mis très rapidement, ont compris l'intérêt qu'il y avait, par exemple pour les appréciations, c'est très confortable, on saisit, c'est écrit proprement, on a une banque d'appréciations, enfin tous les avantages du numérique sont là. Mais il suffit qu'il y ait quelques disfonctionnements et les usagers s'en désintéressent rapidement.
Maintenant, pour ce qui est de l'utilisation de l'intranet en classe, j'ai essayé en cours de philo. C'est assez compliqué. D'abord, mes élèves sont en terminale STT et n'ont que 2 heures de philo par semaine. Ils ne connaissaient rien à la technique, par exemple ils ne savaient même pas utiliser internet ni le courrier électronique. Il a fallu commencer au début, c'est-à-dire ouvrir une adresse, mais aussi leur expliquer les bases pour qu'ils puissent utiliser l'ordinateur. Mon projet est très complet. Il s'agit d'aller rechercher des informations philosophiques sur internet et de créer par groupe de 3 un site web de classe. On n'avait pas vraiment de raisons d'utiliser l'intranet mais comme le courrier électronique internet plantait souvent, on n'arrivait pas à se connecter et à aller le lire, on en est venu à utiliser le courrier intranet qui fonctionnait parfaitement pour échanger les documents.
Pierre GE :
J'ai l'impression que c'est toujours très difficile de décréter l'utilité d'un outil tant que les gens ne sont pas passés par l'usage et n'ont pas trouvé la nécessité de s'en servir, on a toujours le même problème sauf ceux qui ont envie de découvrir.
Jean-François CHAZERANS :
Puisque nous sommes peu nombreux, je vous propose que nous nous présentions.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Comme Jean-François, je travaille au CRDP et il devrait y avoir un intranet.
Jean-Louis GIRARD :
Je suis dans une antenne locale du CDDP des Deux-Sèvres ; si, effectivement l'intranet fonctionnait bien, ça m'arrangerait.
Pierre GE :
Je suis président d'un centre de formation d'adultes à Dangé Saint Romain et puis administrateur dans une fédération où on a engagé un projet Adapt dans le cadre européen de mise en réseau de 3000 jeunes. On a recherché auprès de tous les formateurs moniteurs quels étaient les outils qui pouvaient leur être utiles, on a listé des sortes de groupes thématiques, en nous disant que ça serait bien que les 200 personnes de nos établissements s'inscrivent dans ces groupes. Mais on s'est aperçu que ça ne marchait pas, et après on a fait l'inverse, on a essayé de partir des besoins, ce qui était une démarche beaucoup plus naturelle d'ailleurs et à partir de là, cela a marché et on a eu une douzaine de groupes qui se sont constitués et qui ont créé des outils. Alors on est tombé sur un deuxième problème, c'est l'accompagnement car ce qui paraît tout simple au moment de la conception, au moment d'appliquer, ce n'est pas si simple que ça, et on est à cette phase-là maintenant, au niveau de la dynamique de relation. Les groupes sont constitués, les outils sont constitués mais pour qu'ils continuent à être alimentés il faut qu'il y ait un accompagnement et c'est ce qu'on va commencer dès le 1er juin.
Yannis DELMAS :
Je suis responsable des TICE à l'IUFM de Poitou-Charentes et nous sommes loin d'avoir un intranet.
Romuald BROSSARD :
Je suis étudiant en maîtrise FLE à l'université de Poitiers. J'ai découvert l'intranet quand j'étais à GLASGOW en Erasmus il y a deux ans et c'est vrai que l'université était déjà équipée de beaucoup de postes et d'un système intranet très développé. J'arrivais de France et à Poitiers ça n'existait pas encore. Par contre, les étudiants britanniques l'utilisaient comme allant de soi, très simplement. J'ai eu quelques problèmes au début et c'est là que j'ai découvert tout le potentiel de ce mode de fonctionnement.
Delphine DURAND :
Je suis aussi en maîtrise de Français langue étrangère à Poitiers et j'ai découvert l'intranet car on a travaillé sur un projet pour la maîtrise. On a travaillé sur une arborescence pour créer des liens entre les anciens étudiants, ceux de cette année et les prochains. J'ai surtout découvert cette année que c'est en appliquant qu'on peut mieux comprendre le fonctionnement d'un intranet.
Romuald BROSSARD :
Ce qu'on a découvert cette année, ce qu'on ne réalisait pas, c'était toute la réflexion en amont du travail, définir des objectifs, des publics, savoir où on veut aller avant de maîtriser la technique qui est finalement après pas si difficile que ça. On ne savait pas que c'était aussi complexe.
Pierre GE :
Il y a une motivation qui vient après qu'on a saisi l'intérêt des outils. Je crois qu'après, on gagne du temps.
Alain SCOAZEC :
Je suis au CRDP des Pays de La Loire et conseiller TICE de Madame la Rectrice de l'Académie de Nantes. Ma réflexion, puisqu'on est dans un atelier où il est question d'enseignement, c'est de dire simplement que l'intranet n'est pas un simple système de partage d'information ; pour moi, c'est un petit peu le niveau supérieur, c'est-à-dire la notion de Workflow, la notion de travail collaboratif. La question aujourd'hui est : quel est le carburant d'intranet ? Pour moi, c'est le projet, c'est la motivation de vouloir partager quelque chose ensemble, et cela, ça ne s'impose pas. Avec l'intranet, si on n'a pas de projet commun, c'est voué à l'échec. Au début, les gens sont intéressés, il y a des contributions, puis ensuite ça s'écroule. Il faut s'interroger sur ce qu'on a partagé comme projet commun, projet de production ou même d'intérêt commun. Mais si on n'a pas cette réflexion préalable, il me semble que l'intranet ne s'imposera jamais dans notre environnement pour des raisons de non-reproductibilité du contexte de l'entreprise.
Jean-Claude PATRAT :
Je suis maître de conférences à l'IUT Génie mécanique, ici à Poitiers, et j'enseigne la mécanique générale en 1ère année et accessoirement je fais aussi un peu de recherche en acoustique. On a des ordinateurs depuis très longtemps, le premier est arrivé en 1975, mais je crois qu'il n'y pas d'intranet au sens où on en a parlé dans cette rencontre, ou plutôt si, il y en a peut-être, mais il est entre l'ordinateur central et la fraiseuse. Il n'y a ni gestion d'emploi du temps, ni mail interne. Bien sûr on peut se connecter sur internet, naviguer, etc., on fait une initiation à la bureautique. Dans notre département, il y a beaucoup d'ordinateurs, on fait aussi un peu d'initiation à la programmation et les étudiants ont des activités de collecte d'informations sur internet sur un nombre de choses, de thèmes qu'ils doivent présenter de manière propre.
Je suis intéressé par l'environnement intranet car je me pose des questions au regard de l'évolution des outils. Je me souviens de l'époque où j'enseignais le dessin industriel avec la règle à calcul et j'étais horrifié de voir le temps que les étudiants passaient à manipuler leur outil sans avoir jamais ou presque jamais de bons résultats. Puis est arrivée la calculette. J'étais tout content, tout confiant, j'étais jeune à ce moment-là, je me suis dit : ça y est, on va avoir les résultats tout de suite, ils seront justes et on va enfin pouvoir réfléchir sur le pourquoi on fait ces calculs et à quoi ça sert de les avoir faits. Mais j'ai rapidement déchanté car les étudiants ne savaient pas se servir de la calculette, car la pile était à plat, car elle était dans le sac et qu'on ne voulait pas la sortir, car ce n'était pas la peine de faire le calcul car le copain d'à côté l'avait déjà fait, et puis finalement on constate que quand l'étudiant utilisait la règle à calcul, une partie de son activité mentale était de faire marcher la règle ; avec la calculette, c'est pareil, il faut appuyer sur les touches, ouvrir les menus, chercher la fonction, et puis on met le résultat avec 10 chiffres significatifs sans savoir à quoi ça correspond. Je suis toujours aussi frustré et je me dis que l'ordinateur avec tous les outils qu'on a, le multimédia, finalement, c'est la même chose : l'étudiant va être concentré sur la manipulation de la souris, sur le clavier, etc. Son activité intellectuelle va être en majorité de manipuler l'outil et ne va pas être concentrée vers mon action d'enseignement, sauf que, et c'est pour ça que je m'intéresse à ces choses là, à travers le multimédia, il ya une possibilité d'interactivité. J'imagine que je pourrais très bien concevoir un petit dispositif graphique sur lequel je pourrais changer les paramètres, je cliquerais sur un bouton, je le verrais animé et je verrais l'évolution de la courbe.
Et, en ce sens, je pense que je pourrais revenir vers le contenu de l'enseignement que j'ai à faire. Je me pose des questions et j'espère avoir quelques réponses au cours de cette rencontre, car on a parlé du carburant de l'intranet, un projet de groupe c'est bien, mais moi je me pose la question de l'enseignant, qu'est-ce que je dois faire, qu'est-ce que je peux mettre au service de l'étudiant pour qu'il soit à même de mieux comprendre ce que j'enseigne ? Ce n'est pas simplement j'imagine mettre un fichier HTML ou PDF ou n'importe quoi à la disposition de l'étudiant ; si je mets un fichier, j'imagine qu'il ne sera pas plus ouvert que le polycopié que je distribuais, alors je ne sais pas comment je dois faire et qu'est-ce que je pourrais bien faire en tant qu'enseignant pour mettre à disposition des élèves et qu'ils puissent apprendre la matière que j'enseigne.
Jean-François CHAZERANS :
J'ai l'impression qu'au fond, le sujet c'est les intranets de formation, mais je crois qu'on a beaucoup parlé d'information et pas de formation. Ce que vous dites m'interroge parce qu'il est question d'enseignement. Qu'est-ce qu'on fait quand on enseigne ? Et surtout est-ce qu'on fait de l'information quand on enseigne ?
Jean-Claude PATRAT :
Il faut se reposer la question de l'acte d'enseigner, qu'est-ce que c'est qu'enseigner ? De même quand on parle d'environnement intranet, moi je crois qu'il serait bon de se poser la question qu'est-ce que l'environnement intranet ? Il n'y en a probablement pas qu'un. Soit on fait de la recherche documentaire, comme pour la philo mais ce n'est sûrement pas le même environnement dont je rêve pour faire mon enseignement, on n' a pas les mêmes choses à enseigner donc on n'a pas besoin des mêmes outils. Pour ma part, j'aurais besoin d'un étudiant devant son poste qui travaille avec ce que j'y aurais mis.
Jean-François CHAZERANS :
Je vais prendre un exemple, celui que Jean-Louis Durpaire a déjà évoqué5, c'est ce qui s'est passé à Couhé dans l'action « De la maison au collège ». C'était sur 2 ans, 4ème-3ème, on a prêté un ordinateur à chaque élève d'une classe de 4ème ainsi qu'à chacun de leurs professeurs, avec connexion Internet. Ce qui est intéressant de remarquer, c'est qu'il y avait trois listes de diffusion, une « élèves », une « profs /élèves », et une « profs »6. Pour les devoirs, les élèves pouvaient demander directement aux professeurs mais aussi à leurs camarades. Très rapidement les professeurs ont moins reçu de demandes. Les élèves s'arrangeaient entre eux pour travailler. Au début c'était du copiage mais ce que dit André Bernard, la personne qui a suivi ce projet, c'est que très rapidement c'est devenu du copié-collé intelligent, à partir du moment où l'élève faisait du copié-collé, il a commencé à le trafiquer à sa sauce et puis a commencé à s'intéresser à l'exercice car c'était fait rapidement et il lui restait du temps pour y réfléchir.
Jean-Claude PATRAT :
Donc là cela devient une éducation, quand c'est du copié-collé intelligent, là cela devient productif.
Alain SCOAZEC :
J'ai envie de réagir là-dessus, parce que cela pose le problème du modèle pédagogique. Je vais prendre un autre exemple : dans ma fonction il m'arrive d'aller dans les établissements pour voir un peu ce qui se passe et récemment dans un lycée plusieurs professeurs utilisaient les technologies d'information et de communication et notamment le réseau. Le professeur de langues qu'on a rencontré a cru bien faire et a bien fait de nous mettre en situation, en nous mettant, nous adultes, observateurs de l'extérieur en situation de cours qu'il faisait avec ses élèves. Il nous a montré tout le processus bien bâti au niveau des objectifs pédagogiques où il demandait un certain nombre de choses à ses élèves et ce qui m'a frappé c'est qu'à un moment donné on devait chercher dans un corpus d'informations un certain nombre de questions, etc. et je lui ai posé la question : mais au lieu de faire ça, si un élève utilise les possibilités de communication du réseau pour aller demander en interphonie à un de ses pairs par exemple comment se dit « stage » ! Il m'a répondu : « ah ! Mais ils ne trichent pas ». Or, il me semble que là il y avait une erreur fondamentale ; j'ai eu l'occasion de m'en expliquer avec lui. Il s'agissait de voir comment on est le plus efficace et que si on donne comme règle qu'on a le droit d'échanger simplement au minimum dans la langue, ce serait peut-être un préalable, c'est sans doute plus efficace que de faire toute la recherche et là on a bien le problème du modèle pédagogique, celui de l'enseignant c'est-à-dire que les outils qui sont mis à sa disposition doivent le pousser à un certain décentrement et peut-être à mettre l'accent sur le C du TIC c'est-à-dire la fonction communicative au détriment de la fonction informative car je crois que c'est là la véritable richesse de la mise en réseau et là on est bien sur des réseaux humains.
Jean-Claude PATRAT :
Ce sont des réseaux humains mais ce n'est pas la formation malgré tout.
Alain SCOAZEC :
Alors, faire un réseau humain, cela ne suffit pas effectivement à faire de la formation.
Jean-Claude PATRAT :
L'information est quand même implicitement dans la formation. La question est plutôt celle du rôle de l'enseignant, où est-il dans tout ça ? Pour ma part, je le sens mal, je m'y retrouve de moins en moins avec ces nouvelles technologies. Je ne sais pas comment me situer. Je ne sais pas quoi faire. J'ai banni le polycopié qui ne sert plus à rien. Il a servi la première année car j'ai fait le cours tel que je l'avais bâti dans le polycopié. La 2ème année, j'ai remanié le cours, j'ai quand même donné le polycopié aux élèves mais j'ai eu des critiques : on ne retrouve pas dans le polycopié ce que vous avez fait, alors je me suis dit que je ne le donnerais plus. Si nous on s'autorise à faire un enseignement évolutif, on ne peut pas faire évoluer le polycopié aussi facilement. A moins d'y passer un temps considérable pour un temps d'utilisation étudiant que je trouve très très limité. Le plus souvent l'élève le lit pour la première fois pour réviser son contrôle, alors je me demande s'il n'en est pas de même avec les outils multimédias. Est-ce que je dois investir 500 heures de travail pour quelque chose de bonne qualité qui va servir une seule fois ? Je réfléchis à d'autres pédagogies sans doute inadaptées parce que je ne suis pas bien informé de la situation. Tout ça pour un rendement nul. Alors je n'ai plus envie maintenant de m'investir trop dans les TIC, mais malgré tout je me sens pas trop vieux et je veux bien encore faire quelque chose, mais quoi ?
Est-ce que ces outils ne vont pas modifier un petit peu nos habitudes ? Par exemple, on parle de la langue « chat », je ne sais pas trop ce que c'est mais apparemment ce n'est même pas du phonétique, c'est : « OQP ». Ce langage est effectivement très rapide et je me demande si on ne va pas être obligé d'inventer un langage mathématique forme « chat » ? Car mes étudiants disent plus facilement SIN que SINUS, et pour moi ce n'est pas pareil, SIN c'est vide de sens, SINUS ça a un sens.
Pierre GE :
C'est ce qu'ils lisent sur leur calculette !
Jean-Claude PATRAT :
Je sais bien, mais enfin ils mettent SIN TETA sur COS TETA, on simplifie par TETA, il reste SIN sur COS, écoutez franchement pourquoi je ne le ferais pas ? C'est bien ça les règles de simplification, on barre en haut en en bas ce qui est identique et on obtient cela …En mécanique, je définis des symboles, il y a de la grammaire, du vocabulaire, il faut savoir s'en servir avec une rigueur extrême. Eh bien ça ne dérange pas mes étudiants. Ca ne les dérange pas de mettre l'élément qui est un indice sur la ligne de base ou de séparer de deux espaces par rapport aux caractères, ce qui les vide de sens, et après ils s'étonnent de pas comprendre. Alors est-ce que l'informatique, les multimédias, l'intranet pourraient m'aider, mais comment ?
Jean-François CHAZERANS :
Juste une chose. Ce n'est peut-être pas pour faire une réponse. En tant que prof de philo, je fais des interventions de philosophie pour enfants. Et dans ces séances, il se passe quelque chose d'assez extraordinaire pour moi. Il ne s'agit pas d'intranet mais de communication, qui plus est de communication entre des personnes de même niveau, « horizontale ». Il y a une institutrice de Montpellier qui fait une expérimentation de philosophie pour enfants sous forme de débats, de discussions entre les élèves sur des sujets. Elle fait ça sur une demi-classe, comme ça il y a un groupe témoin. Ce qui est intéressant, c'est que lors d'une leçon classe entière, il était fait une distinction entre le nom propre et le nom commun, le groupe d'élèves du groupe de philosophie pour enfants a commencé à faire un débat entre eux sur la signification de cette distinction à la stupéfaction du reste de la classe et de l'institutrice7. Ils ont commencé à faire un débat, au CP ! Et j'ai quand même l'impression qu'il y a quelque chose à creuser à ce niveau-là. Par rapport à l'enseignement, il y a de nombreuses ressources individuelles au niveau de la classe, enfin en tant que prof de philo je suis bien placé pour dire ça, parce que pour nous le cours magistral est quasi exclusif. Enfin, c'est ce qu'on nous demande, c'est magistral, c'est frontal, il n'y a pas de TP. C'est vraiment le cours et quand on sort un peu de cette configuration on peut s'apercevoir que les élèves sont pleins de ressources ; au lieu d'attendre tranquillement, ils cherchent par eux-mêmes, ils vont chercher, creuser, essayer d'y voir par eux-mêmes.
Pierre GE :
Je reviens sur la question posée, parce que je la trouve fondamentale. Je ne suis pas enseignant, je suis administrateur dans un centre de formation mais je m'intéresse quand même à ces questions-là, car j'ai fait des études, j'ai des jeunes qui en ont fait, et puis je suis en même temps admiratif devant ces nouvelles technologies, un peu inquiet car parfois j'ai cru que certains pensaient trouver une ressource pédagogique qui n'y était pas forcément. Pour l'enseignement à distance je trouve que l'intranet offrira sans doute des choses géniales pour mettre à proximité des personnes dispersées sur un territoire et leur offrir ce à quoi elles n'auraient pas accès, mais sur le plan pédagogique du face à face de la rencontre comme vous dites, le prof magistral et les élèves qui sont là, je ne sais pas ce que ça peut apporter. J'avoue que je me pose la question, ça peut faciliter la rédaction des choses, c'est clair, ça peut permettre de projeter avec des systèmes de rétro- projection des choses intéressantes qu'on peut aller puiser dans des bibliothèques où il y a des ressources intéressantes non seulement sur le plan européen mais aussi mondial. Cela peut apporter des choses mais sur le plan de la pédagogie, qu'est-ce que cela va changer ? Cela va peut-être enrichir le dialogue, peut-être par rapport aux apports des ressources nouvelles, mais sur le plan pédagogie pure je me pose la question.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Etant documentaliste de formation et pas enseignante de discipline, je considère que les TICE c'est notre pain quotidien, puisque la recherche d'information passe par ces technologies. Je me dis qu'effectivement l'outil informatique au sein d'une classe avec un enseignant de discipline, ce n'est pas simple et ce n'est peut-être pas absolument indispensable. Ce que je trouve intéressant, c'est après la classe, c'est la relation après, qu'est-ce que je fais du travail, de ce qu'on m'a donné en classe, vers quoi je peux aller et est-ce que ce n'est pas aussi une façon d'offrir une certaine autonomie face à l'apprentissage et au savoir aux élèves ? Je trouve aussi que c'est intéressant de mettre en place un intranet parce que cela offre une possibilité de mutualisation, de communication parce que la mutualisation c'est la communication.
Alain SCOAZEC :
Je voudrais donner un exemple, celui d'un travail collaboratif qui marche très bien et qui a pas attendu les TIC pour marcher, c'est le bouche à oreille avec le téléphone le soir quand les élèves rentrent à la maison. Quand elle rentre, ma fille appelle 5 copines pour un exercice d'anglais. Je me dis que c'est très bien le téléphone et puis de temps en temps quand j'ai besoin de la ligne je trouve que ce n'est pas si bien. Si on utilise les outils dont on parle, non seulement cela va continuer, mais on peut aller plus loin. Par exemple, sans violer je dirai la correspondance privée, un professeur pourrait arriver à faire une foire aux questions entre les élèves d'une même classe par rapport à un cours. Pour lui, cela devient un extraordinaire outil de pilotage car il va voir là où le bât blesse, pourquoi j'ai 50 messages sur tel ou tel cours, et sans doute il arrivera à s'interroger sur la manière dont il a « passé » telle ou telle notion. Un autre exemple puisque vous parliez de professeurs de philo. Je suis frappé car on dit qu'il y a des disciplines réfractaires aux TICE, et on prend toujours la même, la philo. Je regrette, si on revient aux sources de la philosophie classique, l'agora, le forum, on est bien dans un espace d'échange, on est bien aux sources mêmes de la démocratie et donc pour un professeur qui prépare un cours de philo, pouvoir faire en sorte de remonter les échanges jusqu'ici informels qui vont se faire dans la cour, de façon à ce que cela alimente son propre discours qui peut rester magistral, pourquoi ce ne serait pas très intéressant. On est bien dans ces exemples de mutualisation non pas au sein même de l'acte d'enseigner, mais dans toute sa périphérie. Là, j'y crois beaucoup.
Jean-François CHAZERANS :
J'ai 2 exemples. Le premier : j'étais allé faire une formation d'élèves sur les différents outils pour faire un site web dans un collège, à Lussac. Durant cette formation, les élèves étaient tous sur leur ordinateur et apprenaient à se servir de Dreamweaver ou de Frontpage. Certains étaient en train de rire, et je me suis aperçu qu'ils étaient tous en train de communiquer par le « chat » de Windows. Ils utilisaient le réseau pour s'échanger des informations durant le cours au nez et à la barbe de leurs professeurs.
L'autre exemple : j'ai essayé de faire un cours de philo virtuel l'année dernière avec mes élèves et leurs correspondants belges et un collègue belge professeur de philosophie par « chat ». Cela n'a pas marché car le serveur des Belges a planté, mais il y avait cette idée d'utiliser le « chat » pour enseigner. Aussi, comme mes élèves étaient des utilisateurs forcenés de Caramail et que l'utilisation de ces « chats » était interdite au niveau du lycée, j'ai voulu mettre en place une charte et je leur avais proposé d'aller sur certains salons du genre « à mort les Arabes » pour aller argumenter et y susciter le débat. Je pense aussi à un troisième exemple : dès le début de l'année, tous mes élèves sont allés ouvrir leur propre adresse e-mail pour qu'ils puissent me contacter de l'intérieur de l'établissement ou de chez eux. La difficulté c'est que mes élèves ne sont pas fortunés, je crois que sur 70 élèves il n'y en a que trois ou quatre qui ont un ordinateur chez eux. Cela n'a pas empêché qu'il y a eu des échanges intéressants. Par exemple, au cours de l'année dernière régulièrement une élève m'envoyait un e-mail après le cours de philo pour me faire des commentaires, ou cette année je suis professeur principal d'une de ces classes et j'ai une élève qui va très mal, je me suis adressé à elle plusieurs fois de vive voix, j'ai fait intervenir plusieurs collègues et personne n'a pu lui tirer un mot sauf qu'un jour, après que je lui aie demandé si ça allait, elle me dit oui, ça va, ça va , et deux jours après j'avais un e-mail « oui vous aviez raison », et deux pages où elle m'expliquait tout.
Pierre GE :
Je que vous disiez sur le plan pédagogique : faire un dialogue, cela peut être intéressant.
Alain SCOAZEC :
Cela me permet de rebondir. On a posé la question de la définition de l'intranet, qui n'a d'ailleurs pas été résolue, car il y aurait eu une multiplicité de définitions. Il me semble qu'on s'est limité dans les différents débats à l'idée d'un intranet calqué sur une structure physique qu'est l'établissement. Je suis en train de modifier mon point de vue là dessus car, récemment, j'entendais un universitaire parler de ces choses-là et je lui disais mais comment imaginez-vous que des gens qui n'ont pas l'habitude de travailler en équipe s'emparent d'outils et se lancent dans un travail collaboratif ? Sa réponse m'a un peu interpellé car il m'a dit justement, c'est justement pour ça, parce que qu'est-ce qui vous oblige à vouloir travailler avec votre collègue que vous voyez tous les jours ? Peut-être que vous ne l'aimez pas le collègue, par contre peut-être que vous allez trouver un autre collègue ou un autre tout simplement qui sur le même sujet va avoir envie d'échanger avec vous. Je termine pour dire qu'il me semble important de ne pas limiter l'intranet à la notion de communauté physiquement présente dans un lieu donné et je crois que les outils qu'on nous propose aujourd'hui sont des outils qui nous permettent de transcender des contraintes et c'est vrai qu'on n'a pas toujours envie de travailler avec les gens qu'on voit tous les jours.
Jean-François CHAZERANS :
Pour aller dans le même sens, la culture enseignante c'est quand même très particulier car les professeurs ne se conçoivent eux-mêmes que devant leur classe. Quand j'ai débuté dans l'enseignement, j'avais l'impression qu'on me sous-louait une salle dans laquelle je venais faire cours. C'est un peu bizarre, il y a toujours ce côté « travail libéral », je vois mes collègues à la récréation, dans la salle des profs, mais au niveau de mon travail avec les élèves c'est très individuel. Pour ce qui est de l'intranet, quand est-ce que j'utiliserai une communication par intranet avec ces collègues ? pas quand je suis en classe, pas quand je suis avec eux, quand je suis chez moi ; il y a un projet sur l'intranet de Branly, c'est de faire un intranet où on peut aller de chez soi et cela ça m'intéresse car je ne serais plus obligé de faire 70 kms pour aller faire mes bulletins ou pour contacter mes collègues.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Cela répond vraiment à une attente, il faut voir toutes les listes de diffusion, des professeurs de philo, des professeurs d'histoire…
Alain SCOAZEC :
Clionaute, ça marche très bien, et je suis sûr que les clionautistes n'échangent pas forcément à l'intérieur de l'établissement.
Jean-François CHAZERANS :
J'étais avec un clionaute aux dernières Assises de l'innovation et il disait qu'ils étaient très surpris quand ils se rencontraient en réel ; parfois, ils ne savaient même pas qui était qui. Participant. C'est quoi ce clionautisme ?
Alain SCOAZEC :
Clionaute c'est la liste de référence, la liste de diffusion des profs d'histoire.
Participant :
Je pensais que c'était la liste des amateurs de Clios comme y'en a une pour les amateurs de BMW …
Marie-Eve CHARPENTIER :
Là on ne parle plus vraiment d'intranet, ne parle-t-on pas d'extranet ?
Alain SCOAZEC :
J'en reviens à la définition : l'intranet est une communauté, comme celle des professeurs d'histoire, ce n'est pas forcément restreint à l'établissement.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Dans ce cas-là, c'est un intranet à une échelle nationale voire internationale.
Participant :
C'est un terme qui va vivre quelques années, c'est un intermédiaire entre le passé réseau et la nouvelle forme d'internet au sens large. En ce moment, ça a une certaine pertinence car on est en train de développer considérablement certains types d'outils et quand on retrouve ces outils on a une certaine facilité à employer le mot intranet mais je ne suis même pas sûr que dans 3-4 ans ce soit une terminologie qui ait grand sens.
Alain SCOAZEC :
C'est pour ça que je voudrais faire une distinction entre ce qu'on a évoqué qui est du monde de l'entreprise et le monde qui est le nôtre. Sur une entreprise, je comprends bien la notion de l'intranet au sens traditionnel du terme, mais nous c'est différent et ce n'est pas sûr que notre entreprise ce soit l'établissement.
Pierre GE :
Votre intranet, c'est l'intranet établissement. Participant Mais on peut aussi appeler intranet les systèmes de documentation pédagogique qui fonctionnent entre le public, le privé et entre tous les établissements par exemple.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Ce n'est pas intranet, c'est un système qui y ressemble mais ces définitions sont toutes un peu « bâtardes », car on ne sait pas ce qu'on peut mettre derrière.
Participant :
Ce qui est intéressant c'est que vous, vous pouvez communiquer, comme vous disiez tout à l'heure, avec un professeur de philo de Belgique, avec une classe située à 500 kilomètres, l'évolution vient de l'insolence des intervenants. On a tous des besoins d'ouverture, alors il faut que l'intranet permette une vie interne, un accès des différents membres d'une institution d'enseignement, etc. mais il faut aussi qu'ils puissent communiquer par le forum ou je ne sais pas quoi avec d'autres endroits sinon c'est réducteur.
Jean-François CHAZERANS :
Cela se pose spécifiquement pour l'Education nationale. Est-ce que par exemple l'intranet de Branly marche comme l'intranet d'une entreprise ? Non, mais on peut avoir une définition plus large de l'intranet, pourquoi pas ? Je parle de temps en temps avec mes collègues de philo à Branly, mais on ne fait pas vraiment des projets ensemble, par contre je suis sur Philoliste8, une liste de discussion où il y a 220 profs de philo qui sont interconnectés et il y a pas mal de travail collaboratif produit. D'un autre côté, on a créé dernièrement un autre groupe de discussion qui a toutes les caractéristiques d'un intranet9. On adhère à ce groupe, il est non modéré, il y a un espace fichiers d'environ 20 Mo, un espace liens, un espace calendrier et puis on a doublé cela d'un site internet10. Alors on discute de nombreuses choses par exemple de savoir ce qu'on fait sur le site internet, on fait une contribution, cette contribution est discutée par le groupe, on la met sur internet…
Participant :
On est en plein dans le projet.
Jean-François CHAZERANS :
On est en plein dans un projet, dans un projet commun.
Alain SCOAZEC :
Et ça ne se superpose pas aux frontières de l'établissement.
Jean-François CHAZERANS :
Je voudrais juste rajouter quelque chose, c'est que dans ce groupe de discussion on est 60. Il y a des Canadiens, des francophones et ce qui est surprenant c'est qu'il y a des professeurs de philo, de lettres, des instituteurs et il y a un proviseur et une CPE : ça fait un établissement !
Marie-Eve CHARPENTIER :
Et les élèves dans tout ça ? Parce que c'est bien de mutualiser entre les enseignants, mais ce qui est intéressant maintenant c'est la prochaine étape, c'est peut-être, ça fait un peu bizarre de le dire, mais c'est peut-être la mutualisation entre les élèves et les enseignants peut-être à l'extérieur de l'école car les élèves peuvent avoir besoin de leur enseignant, comme cette élève en détresse dont il a été question, mais on peut aussi être en détresse par rapport à un sujet, à un exercice, on sait tous que les élèves n'osent pas parler de ça en classe.
Jean-Claude PATRAT :
Justement il se pose le problème des relations psychologiques peut-être de comportement de groupe, de la classe, et des relations de la classe avec l'enseignant. Qu'est-ce que ça change quand on utilise l'intranet ou des moyens multimédias ? Je pense que la relation de l'étudiant qui est tout seul devant son PC, s'il fait une bêtise, on ne se moque pas de lui, il n'est pas puni, ça change beaucoup de choses. Je m'interroge aussi : comment on peut évoluer nous dans tout ça ?
Alain SCOAZEC :
Cela pose le problème effectivement du rôle du professeur, le professeur qui accepterait de ne plus être dans un rôle d'évaluateur, ou de censeur pendant un moment. Cela dit, la question par rapport à la détresse ou à d'autres difficultés, sera peut-être posée à un autre professeur.
Participant :
Il y a aussi des choses qu'on pourra dire par écrit et pas de vive voix.
Romuald BROSSARD :
Je crois que cela a permis de mettre en place un véritable tutorat dans les établissements. On a essayé de nombreuses fois de mettre des heures en plus et cela a échoué. Même nous, au niveau où on est, c'est plus facile de communiquer avec un professeur par écrit, parce qu'il y a une distance, on a des représentations, et l'impression de moins les déranger aussi, et on se permet à l'écrit des choses qu'on se permettrait peut-être pas à l'oral.
Participant :
Le fait qu'on ne les dérange pas, ce n'est pas une impression, c'est une réalité, parce que l'étudiant envoie son mél quand il est disponible, l'enseignant le lit quand il est disponible.
Alain SCOAZEC :
Le gros piège de ces systèmes, c'est quand même l'immédiateté, parce que comme il a été dit à plusieurs reprises, c'est tellement facile d'envoyer un mél, de le renvoyer. Il va y avoir le problème du temps de service et tout ça devra mettre à plat l'ensemble des fonctions éducatives. Effectivement, le problème de ma boîte aux lettres le matin c'est que j'ai 70 messages, et que les 70 émetteurs pensent qu'une fois que j'ai ouvert le message, j'ai la réponse. Or, la réponse nécessite un traitement informationnel qui peut être de quelques secondes ou de quelques heures et deuxièmement, il y a formalisation de la réponse, même si on simplifie et que tout le monde comprend. Mais c'est vrai qu'il y a ce temps et si on ne l'intègre pas, on va exploser, parce que si on met l'accent sur la fonction communicative et l'échange, il va falloir se donner le temps, et ça posera sérieusement, à mon avis, la question de la définition des temps de service des enseignants. J'ai demandé à l'IUFM de mettre en œuvre cette année un système de formation à distance pour l'initiation aux outils de base de l'informatique, on est bloqués à cause d'un problème de définition du temps de service des enseignants de l'IUFM. Ça compte quoi un cours à distance ?
Yannis DELMAS :
D'autant que pour beaucoup de gens, on ne peut simplement pas parce qu'ils n'ont le droit d'être payés que pour des cours en présence.
Alain SCOAZEC :
Je crois que l'intranet, enfin ces outils vont faire exploser beaucoup de choses.
Pierre GE :
Je pense que vous avez raison, qu'il va y avoir un respect des 35 heures dans les face-à-face mais il y aura débordement sur le travail à la maison. Je me dis du coup que sur l'ensemble des questions que les étudiants, les élèves ont posées, le professeur va pouvoir en réintégrer un certain nombre et là, sur le plan de la pédagogie, c'est intéressant, plus interactif.
Romuald BROSSARD ;
Oui, mais si vous avez un prof de lycée qui reçoit le soir 30 méls disant là on n'a pas très bien compris, est-ce que pour le lendemain, le professeur peut se permettre de refaire un cours ?
Jean-François CHAZERANS :
Avant de terminer, je voudrais ajouter quelque chose, j'ai dit tout à l'heure que j'avais que trois ou quatre élèves qui avaient un PC chez eux, ce qui fait que …
Participant :
Et vous les étudiants, qu'est-ce que vous avez comme accès à l'informatique à l'université ?
Romuald BROSSARD :
Les maîtrises FLE n'ont accès qu'à une petite salle, avec peu d'ordinateurs. Paradoxalement, les étudiants de licence ont un accès plus facile que ceux de maîtrise, à une salle plus grande. Dans la salle du CRIUP, il y a une inscription payante et les impressions le sont également. Par contre, pour moi qui suis aussi inscrit en DEA d'histoire médiévale, l'accès est facile : Mac, PC, imprimante, totalement gratuits. Conclusion : ce n'est pas égal, ce n'est pas juste.
Jean-François CHAZERANS :
Pour un accès égalitaire de tous aux moyens, c'est vrai qu'il y a encore du travail à faire, et même dans mon établissement qui est un lycée communiquant, la situation est assez difficile, la salle informatique a été vidée cet été par des voleurs, et il y a des quantités de petits problèmes de souris, d'écrans, les élèves nous mettent des mots de passe sur les économiseurs d'écrans et on est obligé d'aller trafiquer dans le Bios pour les enlever...
Romuald BROSSARD :
J'avais une question par rapport à la sécurité : est-ce que dans les lycées on contrôle les méls qui s'envoient ? Sur quels sites vont les lycéens ou est-ce qu'on préfère leur faire confiance ou restreindre, est-ce qu'on doit le faire … ?
Alain SCOAZEC :
La correspondance électronique est assimilée à une correspondance privée et le professeur qui s'amuserait à le faire serait en infraction. Par contre, il est nécessaire, on l'a évoqué, de mettre en place une charte. A partir du moment où c'est affiché, où ça a été débattu et validé par un conseil d'administration, inscrit dans le règlement intérieur, qu'il pourrait y avoir un contrôle a posteriori qui fait que dans un cas de dysfonctionnement ou de quelque chose qui serait attentatoire aux bonnes mœurs, il peut y avoir un contrôle qui permette de dire c'est telle ou telle personne.
Marie-Eve CHARPENTIER :
Quand les élèves sont au CDI et que la documentaliste voit des élèves en train de regarder un site qui n'est pas « bien », elle leur tire les oreilles, elle se moque de la charte.
Alain SCOAZEC :
Sur la liste de diffusion des administrateurs de réseau dans l'Académie de Grenoble, il y a eu des plaintes des utilisateurs car le réseau était ralenti, 80 % des pages consultées concernaient Loft Story.
Participant :
Ça laisse rêveur !
Jean-François CHAZERANS :
Sur le problème de la consultation de certains sites, c'est l'objet de nombreux cours de philosophie, enfin je ne sais pas si c'est de la philosophie, de la citoyenneté, de la politique… On ne peut pas avoir des moyens assez libertaires comme l'est internet sans une éducation forte qui rend possible la responsabilité, et l'autonomie. L'enjeu, c'est l'autonomie des élèves.
Pierre GE :
Si on peut émettre un vœu, en fin de cet atelier, c'est que, s'il y a connaissance d'un site qui apporte vraiment quelque chose sur le plan pédagogique, sur la façon de travailler avec internet, ça pourrait être intéressant de le mentionner dans la bibliographie du compte rendu.
Participant :
Oui, il y en a.
Pierre GE :
Mais où vraiment on a quelque chose de concret.
Participant :
Il y a rien de clé en mains par contre.
Jean-François CHAZERANS :
C'est l'idée même de cet atelier, il y a rien de clé en mains !
Pour citer cet article : Chazerans Jean-François (2002). "Enseigner dans un environnement intranet". Actes des Troisièmes Rencontres Réseaux Humains / Réseaux Technologiques. Poitiers, 19 mai 2001. "Documents, Actes et Rapports pour l'Education", CNDP, p. 127-144.
En ligne : http://edel.univ-poitiers.fr/rhrt/document498.php (consulté le 1/10/2019)
Notes
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n° 3
Outils :
Jean-François Chazerans
Professeur de philosophie, lycée Branly, Châtellerault. Chargé de mission TICE à la Mission académique aux TICE.
Mots-clés
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