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Débat - La formation en réseaux des enseignants favorise-t-elle le travail en équipe ?

Ateliers

Par Hélène Ormières

Publié en ligne le 29 août 2006

Hélène GAUCHER, enseignante FLE, université de Poitiers :
Imaginons que j'ai une classe et que mes élèves sont très enthousiastes. Moi, je n'y connais rien. Qu'est-ce qu'il est possible de faire ?

Hélène ORMIÈRES :
Je pense que tous les enseignants doivent savoir réaliser une page HTML simple avec des liens et, ensuite, il faut aller chercher des compétences là où elles se trouvent.

Pourquoi avoir multiplié les outils de recherche ? C'est une question que j'ai entendue ! Parce qu'il y a plusieurs équipes qui ont été prises au jeu de la provocation de Marc Courraud et qui ont travaillé en même temps. Il se trouve que ceux qui ont travaillé avec Htdig ont abouti les premiers, mais l'INRP cherchait de son côté avec un autre outil et il se trouve que l'outil de l'INRP est complémentaire, il apporte autre chose. Donc ça donne le choix aux collègues : ceux qui veulent un outil très simple, ils prennent Htdig, ceux qui veulent un outil déjà un peu plus sophistiqué, ils prennent celui de l'INRP.

Marie-Yvonne COURTECUISSE, documentaliste au collège de Loudun :
Quelle est la différence entre Harvest et Spinoo ?

Hélène ORMIÈRES :
La différence entre Harvest et Spinoo ? Les outils de recherche ne fonctionnent pas tous de la même façon. Je vous rappelle que c'est souvent secret le mode de fonctionnement des outils de recherche. Les développeurs ne disent pas comment ça fonctionne. Tous ont une façon particulière d'accéder aux données. Je sais que le CNDP met au point son système et que, lui, veut avoir un outil qui permette d'aller plus largement encore sur tout le réseau CNDP/CRDP. Spinoo a été élaboré par le SPIN, c'est à dire le service des publications imprimées et numériques. Je travaille beaucoup avec Htdig qui remplit très bien son objectif . Maintenant, quand je veux chercher par exemple uniquement les pages nouveautés du mois, je me sers de Harvest parce que ça me permet de choisir moi-même ce que je veux alors que, Htdig, il va de toute façon balayer tous les sites. Avec Harvest je peux moi-même faire un choix.

Fabrice HALGAND, formateur, Société Edu 4 :
Là, vous nous indiquez des choses intéressantes, mais est-ce que les enseignants sont prêts, est-ce que les correspondants TICE sont chargés de former les enseignants à ça ?

Hélène ORMIÈRES :
Les correspondants TICE font partie des sites académiques, ils font de l'animation dans l'académie. Je connais beaucoup d'académies où, le mercredi après-midi, il y a des initiations à internet pour tous les volontaires. La formation des enseignants, il faut d'abord qu'ils soient volontaires. Ensuite, il faut arriver à dépasser les problèmes que nous a posés Allègre, c'est-à-dire pas de classe sans enseignants. Il faut donc qu'on organise les formations dans les créneaux où les enseignants n'ont pas cours. Pour les formateurs qui sont aussi enseignants, il faut aussi prévoir des jours où ils n'ont pas cours. Ce réseau permet déjà pas mal de choses parce que on peut aller demander de l'aide à un collègue, on peut aller demander de l'aide sur un forum, on peut aussi faire une recherche spécifique sur des techniques. On trouve des éléments techniques également sur notre réseau. Et puis il y a la formation continue dans les IUFM.

Damien POCHON, étudiant, DESS Technologies audiovisuelles et informatiques pour l'éducation :
Plutôt que de faire peur à beaucoup de gens avec des mots comme Java ou comme Course Builder, pourquoi ne pas promouvoir l'utilisation d'exerciseurs comme Hot potatoes ou d'autres qui sont souvent gratuits en plus ?

Hélène ORMIÈRES :
On le fait aussi. Il y a des collègues qui font des choses avec Hot potatoes. C'est intéressant mais ça ne va pas aussi loin que ce que savent faire certains collègues dont je viens de vous montrer les travaux. Mais c'est vrai que Hot potatoes est un outil qu'on peut mettre entre les mains des élèves et ça permet aussi de les aider à construire des QCM, des interrogations, à insérer des images dans une page et à faire des choix sur des images, à penser à des titres, à des légendes, etc. C'est un outil très intéressant qui est utilisable même hors ligne, sur un réseau en intranet. On ne peut pas tout faire avec Hot potatoes mais c'est vrai que si on cherche Hot potatoes sur le réseau, on trouvera des applications

Hélène GAUCHER :
Je dois être complètement stupide parce que j'entends parler de Hot potatoes et j'ai travaillé avec deux autres enseignants pendant des heures pour trouver comment ça fonctionne.

Fabrice HALGAND :
On en revient au problème de la formation des enseignants. Je crois que c'est vraiment le problème essentiel.

Héléne ORMIÈRES :
Les nouvelles technologies, ça invite à faire de la formation avec ceux qui sont à côté de nous, c'est-à-dire que de plus en plus un enseignant qui fait, il est sollicité par les copains et les collègues qui sont à côté et on s'apprend mutuellement. Quelquefois ce sont les élèves qui nous apprennent des choses, ou alors nos enfants. Il faut l'accepter. Moi, j'ai beaucoup appris avec mon fils qui a 24 ans, que j'ai initié à internet quand il avait 14 ou 15 ans et qui maintenant sait dix mille fois plus de choses que moi. C'est lui qui s'occupe de la machine. Si ça ne va pas, je vais le chercher. Il faut aussi penser à ça, aux formations entre pairs.

Bernard USÉ, chargé de mission TIC, CRDP de Poitou-Charentes :
Je voudrais qu'on ne sorte pas trop quand même du débat d'aujourd'hui : présence à distance, mais pour répondre au problème de la formation de masse des enseignants, il y a des solutions qui existent. Par exemple, dans la Vienne, on a un dispositif de formation des instituteurs du 1er degré qui est très massif. Tous les enseignants qui acceptent de donner deux ou trois heures par semaine, le soir par exemple, ont la possibilité de lieux pas très loin de chez eux, de centres de ressources, où le formateur, les contenus de formation sont à disposition. Parce qu’il y a la volonté politique d'un département de faire en sorte que la massification des dotations en matériel s'accompagne également des usages dans la classe. Pour le second degré, le département de la Vienne, toujours lui, met en place pour l'an prochain, à partir de septembre, une formation massive des profs de collège. Tous les profs de collège vont pouvoir bénéficier de 40 heures de formation aux usages des TICE, dans leur temps de présence au collège. Donc, quand il y a les volontés, en général on met les moyens derrière. Il existe des possibilités mais c'est vrai que ce dont on parle : la culture du réseau, la culture du projet également, il y a beaucoup de pré requis de base : savoir se former soi-même avec des sites, avec des outils en ligne, etc. . Une fois que cela a été installé comme base, il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire ensuite à distance, c'est vrai. Avec le travail collaboratif, les listes de diffusion qui sont vraiment un vecteur très fort de coformation entre les enseignants, plus encore que les forums à mon avis. Les listes de diffusion sont très usitées. Il y a des milliers d'abonnés sur certaines listes.

Hélène ORMIÈRES :
A propos des listes de diffusion, je voudrais vous signaler la liste de diffusion TPE. Elle a démarré au mois de mars, elle a aujourd'hui 750 abonnés, c'est quand même pas mal en deux mois et entre le début du mois de juin et aujourd'hui, 24 juin, il doit y avoir 200 messages qui ont été produits et elle a des archives où vous pouvez aller et si ça vous intéresse vous abonner également. On peut à travers les titres savoir de quoi il s'agit. La Direction des enseignements scolaires a produit une brochure sur les TICE qu'ils n'ont pas encore diffusée mais cette brochure elle est déjà en ligne sur certains sites. Le 15 juin au soir, elle était sur le site du CRDP de Grenoble. Le 18 juin, elle était complètement en HTML, en ligne, sur un site privé. C'est vous dire que ça marche très fort et c'est un lieu d'information phénoménal pour les enseignants.

Jean-François CERISIER :
J'ai une question sur le positionnement des listes, des documents… Là, tu présentes une communauté d'enseignants de SVT qui est très supportée, accompagnée par l'institution. Dans d'autres disciplines, le point d'origine, d'initiative n'est pas l'institution mais les enseignants en tant qu'individus hors institution, je pense par exemple à la liste bien connue des enseignants en histoire et géographie, à la liste H.français qui est la liste d'une association. Donc ma question c'est : quelle est la position de l'institution par rapport à la validation, à la régulation et à la censure de ces listes ?

Hélène ORMIÈRES :
C'est une vaste question. Dans le monde d'internet, je crois qu'il faut laisser toutes les libertés à tout le monde. Si l'institution n'a pas pris le cap au bon moment, tant pis pour elle. Si des individus lancent une liste et que cette liste fonctionne, c'est très difficile de rattraper les choses après coup. Pour la TPE, il se trouve qu'on a pris le cap avant que quelqu'un ne lance une liste TPE. C'est vrai qu'il y a des associations très actives. Il reste que ce sont des associations et s'ils n'ont pas envie d'être connectés avec l'institution et s'ils veulent rester en dehors, libres, c'est leur droit. Ce que je peux dire, c'est que ce que nous offrons nous, c'est à la fois un système en réseau sans hiérarchie, mais un système qui est quand même validé par l'inspection pédagogique en général et les pairs, c'est-à-dire que les sites nationaux, s'il y a un collègue qui a fait une bêtise, c'est assez vite fait de lui dire : ça, ce n'est pas juste et qu'il le corrige, qu'il enlève ce qui n'est pas juste rapidement. C'est aussi un gros intérêt de ce réseau, c'est qu’on s'auto-corrige ou on se corrige les uns les autres, quand il y a des fautes. Mais je suis pour la diversité. S'il y a d'autres sites qui veulent mettre des choses sans être sous la coupe de l'institution, c'est à eux de le gérer. Il peut y avoir des listes sur un même sujet qui n'aient pas les mêmes objectifs. Pour les documentalistes, il y a des listes qui ne sont pas forcément institutionnelles. Il peut y avoir des listes de gens qui veulent revendiquer. Il y a une liste de gens qui étaient contre les nouveaux programmes de seconde. Tout ça, c'est la liberté du réseau. On n'a pas à faire quoi que ce soit là-dessus.

M.X :
Tous les profs de SVT sont au courant que ça existe ça ?

Hélène ORMIÈRES :
J'espère, mais je sais qu'il y a encore des gens qui ne connaissent pas Educnet. Malheureusement, j'ai vu des séances d'animation dans les académies où les formateurs ne savaient même pas parler d'Educnet, ne savaient même pas dire qu'il y avait un moteur de recherche qui permettait d'aller chercher sur toutes les académies. C'est vrai que, là aussi, il faut faire avancer l'information, elle ne vient pas toute seule.

M. X :
A priori, vous avez plutôt travaillé sur des systèmes propriétaires en matière informatique. Est-ce que vous avez réfléchi à une opération en utilisant ce qu'on appelle des logiciels libres ?

Hélène ORMIÈRES :
Oui, nous travaillons là-dessus activement dans nos services. Pas moi personnellement. Moi, j'attends que sur ma machine on ait installé Linux et qu'on ait installé tout ce qu'il faut pour m'y mettre, mais je sais que pour le moment nos logiciels de SVT ne fonctionnent pas sous Linux, nos logiciels pour l'acquisition de données ne fonctionnent pas sous Linux. Tant qu'on n'aura pas d'applications suffisantes pour fonctionner sous Linux on n'y est pas encore. Par contre, pour la gestion des réseaux d'établissements il y a de plus en plus de gens qui fonctionnent avec des serveurs Linux.

M.X :
Je sais que le Ministère de l'Education a travaillé depuis plus de deux ans dans une coopération, un accord cadre avec ce qu'on appelle l'AFUL. C'est un accord cadre où il n'y a visiblement pas grand chose dedans et on n'a pas vu de réalisation pratique dans les établissements.

Hélène ORMIÈRES :
C'est en train. Je vous parle de sites où il y a d'autres académies qui font la même chose qu'à Grenoble et à Grenoble, c'est quand même un succès. Je peux vous dire qu'il y a en prévision une communication du ministre et même plus exactement du premier ministre sur ce domaine des logiciels libres. Dans les jours qui viennent, il y aura une communication.

M. X :
Au mois de décembre, il y a trois sénateurs qui ont déposé un projet de loi, malheureusement ils n'étaient pas du bon bord. Aujourd'hui, depuis deux mois et demie, il y a trois députés socialistes, on peut espérer que cela aboutisse, qui préconisent l'utilisation de logiciels libres dans les secteurs de l'Etat, tout ministère confondu et collectivités locales.

Hélène ORMIÈRES :
C'est tout à fait vrai, il va y avoir une communication gouvernementale sur ce sujet. Pour ce qui est du Ministère de l'Education Nationale, on est en pourparlers avec des diffuseurs de Linux qui, si j'ai bien compris, ont fait en sorte qu'on puisse mettre le système Linux sur un cédérom qui va être distribué largement et ce cédérom va permettre de faire marcher Linux sans avoir rien installé sur la machine. C'est en cours et ça va être diffusé très prochainement.

M. X :
Vous n'avez pas fait le choix politique de dire on passe tout en numérique quitte à l'acheter …

Hélène ORMIÈRES :
Ce n'est pas mon choix, c'est le choix du CNDP qui a des impératifs financiers. C'est tout nouveau. Le premier, je l'ai inauguré. Je dis « je » parce que je suis assez contente d'avoir réussi à construire un document avec le CNDP, l'INRP et la DT, tous les trois ensemble, nous avons travaillé et contribué à faire ce document qui est vraiment un état des lieux de ce qui existe aujourd'hui à la disposition des professeurs de SVT et qui peut servir aussi à d'autres disciplines.

Bernard USÉ :
Pour ce qui est des informations techniques, les enseignants ont tous à leur disposition des notes techniques qui sont en ligne intégralement sur le site du CNDP et qui existent également en version papier gratuitement depuis le début et les dossiers d'ingénierie éducative, on est au 31ème numéro, ne sont payants que depuis le 31ème numéro. Tous les numéros de 1 à 30, pour la plupart, sont encore disponibles dans leur version papier ou en ligne.

Hélène ORMIÈRES :
Le numéro 31 a été diffusé partout. Tous les CDI l'ont eu. Ce n'est plus vrai pour le numéro 32.

Pour citer cet article :  Ormières Hélène (2001). "Débat - La formation en réseaux des enseignants favorise-t-elle le travail en équipe ?".  Actes des Deuxièmes Rencontres Réseaux Humains / Réseaux Technologiques.  Poitiers,  24 juin 2000.  "Documents, Actes et Rapports pour l'Education", CNDP, p. 147-157.

En ligne : http://edel.univ-poitiers.fr/rhrt/document795.php (consulté le 1/10/2019)

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  • Hélène Ormières

    Chargée du dossier Sciences de la Vie et de la Terre à la Direction de la Technologie au ministère de l’Education Nationale.

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